A côté de nos films préférés de 2016 (TOP10 / TOP10 festivals) épinglons le pire. Mettons de côté Lav Diaz dont le grand public ne pourra, par chance, pas découvrir les deux opus 2016 pourtant primés à Berlin (l’artificiel et interminable A LULLABY TO THE SORROWFUL MYSTERY) et à Venise (THE WOMAN WHO LEFT – comme nous – le film le plus pauvre de la sélection) tant ce qu’il y a à en dire se résume en un manque cruel de professionnalisme et de technicité (voire de producteur endossant son rôle). Ne ciblons pas non plus les navets irregardables comme NOUS QUATRE, LA FOLLE HISTOIRE DE MAX ET LEON ou le piteux MIRAGE D’AMOUR, histoire de ne pas tirer sur l’ambulance.
Bien que nous sélectionnions un minimum les productions françaises afin de ne pas trop saigner des yeux (notre degré de masochisme nous épargne par exemple les films avec Frank Dubosc), nous nous risquons de-çi de-là à quelques comédies (moyennement drôles) et des productions qui se revendiquent engagées… Quelle ne fut pas notre surprise devant l’inacuïté de Marilou Berry à la réalisation de JOSEPHINE S’ARRONDIT ou CHOCOLAT, la farce de très mauvais goût signée Roschdy Zem.
De plus mauvais goût encore, REMEMBER d’Atom Egoyan : nous l’avions raté à Venise l’an dernier, nous aurions mieux fait de ne pas chercher à le découvrir. Il est des films que l’on préférerait oublier – ou même ne jamais avoir vu – pour garder de leur réalisateur une image (plus) positive.
D’une rare complaisance, THE NEON DEMON de Nicolas Winding Refn aura eu le mérite de nous agacer. Objectualisant ses actrices pour mieux dénoncer l’objectualisation du milieu de la mode, le réalisateur signe une métaphore d’une débilité crasse qui apparaît être un pur exercice esthétique.
Le hasard du calendrier des sorties aura voulu que L’IDEAL sorte la même semaine que THE NEON DEMON. Frédéric Beigbeder, adaptant son propre roman basé sur sa propre expérience (égocentrisme ?), s’attaque au même sujet que Nicolas Winding Refn sous l’angle de la comédie. Une farce des plus abjectes.
Retour à Venise. En Compétition Officielle, nous n’avons eu d’autre choix que de fuir devant le dernier Wim Wenders, LES BEAUX JOURS D’ARANJUEZ. Aussi génial soit son travail sur la 3D, le scénario de Peter Handke qui adapte sa propre pièce est d’une lourdeur incommensurable. Les pires dialogues de l’année tant leur caractère métaphoriques est ridicule.
Improbable au point d’en devenir hypnotique, PARADISE d’Andreï Kontchalovski aura pour intérêt de nous mettre hors de nous. Prix de la mise en scène à la Mostra de Venise (!), il nous aura conduit aux larmes tant son scénario est risible et l’approche, esthétisante à souhait, d’une rare vanité. Nous savons maintenant que el jugement dernier est une sorte d’audition dont Dieu (?) consigne l’enregistrement sur de la pellicule aussi réaliste que les enregistrements de BLAIR WITCH.
L’un des films les plus improbables de l’année est signé Vincent Perez. Adaptation déplorable du roman « Jeder stirbt für sich allein » (Seul à Berlin) de Hans Fallada, ALONE IN BERLIN est tellement ringard qu’il en devient une farce. Affecté, minable, désespérant, impersonnel, superficiel : en un mot, piteux.
Par souci d’honnêteté, nous devons confesser nous être enfuis de la projection de THE LAST FACE de Sean Penn. L’envie de vomir était trop forte. Nous ne nous voyions pas hurler en pleine projection publique à Cannes. Nous étions toutefois nombreux à faire claquer les portes.
Aussi expressionniste soit l’approche esthétique de Tran Anh Hung, la découverte de ETERNITE fut une rude épreuve. Nous sommes soudainement projetés à l’intérieur de ORANGE MECANIQUE, les yeux grands écarquillés, assommés par les images – autant de cartes postales – comme la musique. Une torture.
Le titre du film le plus improbable de 2016 revient cependant à THE HISTORY OF LOVE de Radu Mihaileanu. Une addition de fausses bonnes idées à ce point stupéfiantes qu’elles en deviennent de vraies mauvaises idées.
En bref :
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THE HISTORY OF LOVE, Radu Mihaileanu
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ETERNITE, Tran Anh Hung
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THE LAST FACE, Sean Penn
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ALONE IN BERLIN, Vincent Perez
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PARADISE, Andreï Kontchalovski
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LES BEAUX JOURS D’ARANJUEZ, Wim Wenders
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L’IDEAL, Frédéric Beigbeder
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THE NEON DEMON, Nicolas Winding Refn
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REMEMBER, Atom Egoyan
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JOSEPHINE S’ARRONDIT, Marilou Berry / CHOCOLAT, Roschdy Zem